Ce samedi matin très tôt, Christine et moi prenions la route pour rejoindre Perrine dans le Lot.
Dimanche 12 janvier
Nous avions profité de cette journée pour remplir le camion avec une partie des dons que Perrine avait collecté de son côté. Le camion se rempli encore un peu plus : nourriture, manteaux, médicaments… que nous avions acquis grâce aux hommes et aux femmes généreux et sensibles à la cause des lévriers d’Espagne.
Pour parfaire notre tâche afin qu’elle soit le mieux accomplie possible, nous avions peaufiné la logistique et les missions à effectuer lors de cette longue semaine en terre ibérique.
Ce lundi 13, nous parcourrions l’Espagne, plus de 1100 km pour atteindre notre premier point de chute dans la province d’Alicante. Nous avions donné rendez-vous à Maria Josè et une autre bénévole vers 19h ce lundi soir. Maria Josè est la Présidente du refuge que nous allions visiter le lendemain. Celui-ci est l’un des principaux refuges avec lequel nous travaillons.
Nous discutâmes du problème des abandons en Espagne, malheureusement, depuis un an les abandons s’accumulent, la crise espagnole est passée par là…
La bénévole nous signale un quartier gitan situé en bas des enceintes du château touristique de la ville, où se trouvent de nombreux galgos vivant dans des conditions lamentables. Après quelques heures de discussion, nous avions pris congés car le lendemain nous attendait une dure journée.
Mardi 14, tôt le matin, nous gagnâmes le refuge. Un refuge comme beaucoup d’autres, loin des yeux, à l’écart de la ville.
Dès notre arrivée, la bénévole que nous avions vu la veille arriva avec REINE, sublime galga récupérée du camp des gitans, celle-ci restera en sécurité en famille d’accueil chez la bénévole.
Après avoir enfilé nos combinaisons, c’est avec le cœur serré que nous entrâmes dans les enceintes du lieu. Celui-ci accueille plus de 300 chiens mais aussi des bébés galgos et une centaine de chats.
Deux employés, un vétérinaire et des bénévoles sont présents pour la bonne organisation de la journée.
Aucune euthanasie n’est pratiquée dans ce refuge.
Ce lieu est doté de belles installations, l’architecture est carrée et les chiens sont installés de manière réfléchie et structurée. Malgré cela, les bagarres de chiens ne sont pas épargnées à cause du surnombre et de la tension que cela crée.
Notre mission étant d’obtenir avec précision toutes les informations et caractéristiques de chaque lévrier en vue d’adoption.
Dès le franchissement de la porte nous découvrîmes un noble croisé lévrier venant tout juste d’arriver au refuge, n’ayant pas de nom, nous le baptisâmes sur place du nom de TRISTAN. Il était ahurit de se retrouver là.
TRISTAN
ARI
FERMIN
BELOZ
EMILIA
ERIK
COJO
CELINE et KATRINA
GEMA
OLIVER
LALA
NANO
RONI
SELENE
A proximité, CASIMIRO, podenco adolescent d’un an et demi savoure notre présence, lui aussi attend son tour impatiemment.
CASIMIRO
Les regards des podencos OTELO, OSIRIS et OLIVIA nous firent chavirer ! Leurs yeux fixes et profonds en disent long de leur vie au quotidien.
OTELO
OSIRIS
OLIVIA
A l’extrême limite du refuge, se trouve la chatterie ou de nombreux félins attendent eux aussi leurs familles.Après avoir passé au peigne fin chaque lévrier, nous regagnâmes notre véhicule afin de remettre des dons. La plupart des donations seront destinés aux bébés galgos grâce à l’initiative de notre adoptante Thérèse, qui a su mobiliser le plus grand nombre de personnes. De plus, de nombreux manteaux ont pu être remis par l’opération « manteaux pour les refuges ». Nous remercions une fois de plus toutes les personnes ayant participé à ces actions concrètes et particulièrement Thérèse qui s’adonne corps et âme à la cause.
Avant de partir, nous remercions les bénévoles à la fois de leur accueil, de leur promptitude et les félicitons pour leur actions aux services de tous ces petits innocents.
Il se fait tard et devions impérativement reprendre la route vers la Castille, cependant, nous avions cette impression collective que notre mission n’était pas tout à fait accomplie.
En anthropologues amateurs, nous avions décidé de parcourir les quartiers gitans de la ville ! Dès les premiers instants, nous entendions des aboiements, cela nous donne froid dans le dos…
Ce quartier pauvre est situé juste en face du magnifique château de la ville. En nous nous faisant passer pour des touristes, une personne du quartier nous interpelle et demande ce que nous cherchons. Avec ruse, nous lui faisons croire que nous souhaitons visiter le château. Une seconde personne, très méfiante qui semble être un galguero, sort de chez lui et nous lance un regard méprisant, son copain lui dit que nous sommes des touristes étrangers, cela le rassure. Dans la petite cour ou il résidait se trouvaient de nombreux galgos. Nous poursuivions notre chemin…
Derrière chaque mur, chaque façade doit se trouver des galgos.
Dans un endroit insignifiant, à l’abri des regards, nous découvrîmes avec stupéfaction un galgo résigné, seul, immobile et attaché à une courte corde dans une sorte de grange insalubre… Aucune possibilité de faire quelque chose pour lui, le danger était imminent à chaque coin de rue. L’hostilité à notre égard était à son comble. Le regard vide de ce galgo nous hanta tout au cours de notre séjour…
Nous avions aussi pu constater avec désarroi un poney attaché à quelques centimètres de corde, sans aucun espace vital et piétinant dans ses excréments.
Nous quittâmes la ville avec ce sentiment partagé ou la violence de certains et la générosité des autres s’entremêlaient dans nos têtes. L’Espagne est un pays ou les paradoxes sont réels. L’effroi est encore plus frappant quand nous voyons sur d’innombrables murs les tags de Franco qui ramène cette Espagne à un sentiment désuet.
Mais à 400 km de là, nous attendait une autre Espagne, dans la région de la Mancha, aux abords de Cuidad Réal.
Aux environs de 20h, les bénévoles extraordinaires Eugenia et Miguel, nous attendaient les bras grands ouverts ! L’osmose fut à son apogée, une année sans se voir, nous avions tant de choses à nous raconter. Le destin de Miguel et d’Eugenia est lié fortement à l’amour des animaux. Miguel, figure emblématique d’une Espagne délivrée de ses démons est un exemple probant. Il est en effet assez rare qu’un homme puisse avec une grande émotion et une sensibilité rarement égalée, délivrer par l’intermédiaire d’un livre qu’il a écrit, l’amour qu’il porte aux animaux et plus particulièrement aux chiens d’Espagne. Il est à lui tout seul un véritable espoir au changement radical des mentalités espagnoles. Nous vous rappelons que les abandons les plus fréquents en Europe se situent en Espagne. De plus, les bénéfices des ventes de son livre profitent dans son intégralité à l’investissement du refuge dans lequel il officie.
Eugenia, sa femme est une bénévole sublime qui veille avec une authenticité et une éthique parfaite sur la bienveillance des chiens de ce refuge. La pudeur et l’humilité les ennoblent davantage. Plus tard, nous rejoignîmes Karen, la Présidente de ce refuge et son mari Tonio. Au même titre qu’Eugenia et Miguel, Karen est une bénévole remarquable qui n’hésite pas à consacrer plusieurs heures avant ou après son travail au service des animaux. Nous avons même cette impression qu’elle y travaille 24/24h.
Lors de cette longue soirée, nous avions discuté des problèmes propres à son refuge. Depuis l’année dernière les abandons ont été semblables à l’année précédente. Malheureusement, peu de podencos ont été sauvés, par contre la plupart des galgos ont eu la chance de trouver une famille. Concernant la dette vétérinaire, elle ne s’est pas allongé grâce en partie à votre générosité, notre appel à don est efficace mais le chemin est encore long. Il faut savoir que ce refuge était encore une perrera il y a encore 3 ans. Nous avons pu entrevoir chaque année les progrès constants effectués, les structures sont de mieux en mieux aménagées. Il reste une bonne partie du refuge encore inexploitable faute de moyen qu’on appelle le « bronx » mais qui sera investi dès cette année.
Si le nombre de chiens reste stable, les attaques seront moindres et les objectifs atteints. De plus, d’autres aménagements sont envisageables, notamment concernant les évacuations d’eau et l’installation d’une fosse septique. Les refuges reçoivent très peu de subventions de la part des mairies. Les bénévoles organisent régulièrement des petits marchés, concerts, manifestations dont les bénéfices vont directement au refuge. Mais le plus important aux yeux de Karen est le changement absolu des mentalités, c’est pourquoi elle transmet dans les écoles un mode de comportement vis-à-vis des animaux. Cette instruction si indispensable porte ses fruits.
Actuellement, chez Karen, résident des chiens à l’adoption, notamment le petit podenco PINONES, son histoire est incroyable, il est venu de lui-même se réfugier chez Karen. On ne mesure jamais assez l’intelligence de ces êtres qui devinent par eux même les endroits les plus accueillants.
PINONES
Vient ensuite
ALBENIZ, croisé podenco/drathaar, les attaques récurrentes l’ont amenées
chez Karen ou sa sécurité est moins compromise.
ALBENIZ
RIHANNA, jolie
galga noire qui fait partie de nos Invisibles pour 3 raisons, sa couleur
est ostracisée, son âge est certain (8 ans) et elle a la leishmaniose.
Nous espérons de tout cœur qu’une âme généreuse viendra à elle.
RIHANNA
Et enfin les 2
inséparables VODKA la mastine et REINA la croisée labrador, leur
adoption est très particulière, elles ne peuvent être adoptées l’une
sans l’autre, tant l’attachement entre les deux est fort.
VODKA
REINA
Le lendemain,
mercredi 15, nous arrivâmes dans le refuge de nos amis. Nous étions
accueillis par les aboiements multiples des chiens sous une pluie fine
et un ciel gris. Il est étonnant qu’à chacune de nos venues réside un
chien à l’extérieur des enceintes. Tel un gardien du temple qui veille
sur les autres. Nous enfilions rapidement nos combinaisons et
commencions la visite. Malheureusement dès notre entrée dans le patio
principal, notre regard s’était porté directement sur CHER, une douce
podenca qui se retrouve au même endroit chaque année, quasiment à la
même place. Nous avions cette amère sensation que le monde bouge mais
que l’inertie de cette petite est inévitable. C’est pourtant une podenca
absolument ravissante. Cette résidente permanente qui n’a que 4/5 ans a
vu les pires horreurs de l’époque de la perrera, je vous laisse
imaginer… Elle est incroyablement gentille et pourvu d’une élégance
pure. A nos yeux nous en avons fait le symbole de ce refuge. Que nos
vœux soient exaucés pour une adoption rapide !
CHER
A quelques mètres,
un trio de podencos nous observe, nous constatons qu’il s’agit de LIRIO,
MAJUELO et PINCHO. Lirio (femelle) et Majuelo attendent impatiemment
une famille depuis quelques temps. Quant à PINCHO, il est arrivé chiot
au refuge, il a actuellement 3 ans, affectueux, il s’accorde avec tous
les autres chiens et n’est pas du tout hostile aux chats. Nous lui avons
promis au creux de l’oreille que nous allions lui trouver une famille.
LIRIO, MAJUELO et PINCHO
Après
s’être attardés sur ces trois trésors, le crachin cessa enfin, sous
cette lueur plus lumineuse, nous entrâmes dans le box d’IDHAO, croisé
galgo présent depuis nos trois dernières visites. Une horde de chiens
s’agrippaient sur nous et chacun d’entre eux cherchait une affection
particulière. Il est frappant qu’au moindre pas, qu’au moindre geste,
dans chaque box, dans chaque refuge, que chaque chien appelle dans une
effroyable détresse de l’attention, il faut donc croire que malgré
l’inhumanité des hommes, ces chiens qui ont pu être abandonnés, battus
ou torturés, malgré cela ils ont pu effacer les traces des sévices
infligés. Pour en revenir à IDAHO, dont notre attention était portée sur
lui, ses compagnons ont tous senti cette injustice et l’un d’entre eux
s’est rué sur ce pauvre petit. Nous pouvons comprendre ces gestes
déplacés car en dehors du refuge, ce chien n’aurait pas provoqué un tel
acte. Malgré l’attention et le professionnalisme des bénévoles, le
stress de ces petits en milieu carcéral est logique. IDAHO, bénit par
les dieux sera sauvé lors d’un prochain sauvetage.
IDAHO
En poursuivant
notre visite, nous avions rencontré une croisée podenca CATALINA,
splendide, portant une collerette, nous nous attardâmes sur cette
petite, pétillante, fraiche et dynamique. Nous apprîmes par le biais
d’une des bénévole, qu’elle aussi s’est fait attaquer. En plus de ses
qualités requises, il s’avère qu’elle est très sociable avec quiconque,
c’est un atout majeur, malgré son épilepsie.
CATALINA
La transition
fut radicale quand nous aperçûmes NIEVE, cette douce mastine qui
étendait toute son échine sur le béton humide du refuge, elle offrait
toute la générosité qu’une mastine pouvait donner, aurait-elle compris
qu’elle ferait partie du wagon qui l’emmènerait vers la France ?Beaucoup moins chanceux, CEREZO un des plus petits podenco que nous avions croisé nous a interpelé par sa blessure sur le crane, les bénévoles l’ont extirpé avec son copain teckel chez un particulier, CEREZO était attaché à une palissade avec un collier artisanal en fil de fer qui lui abimait le cou, la cruauté dépasse l’entendement. Les hommes sont-ils aussi frustrés, lâches et médiocres pour assainir autant de coups sur un si petit chien ? Faut-il croire encore aux qualités du genre humain ? Comment ne pas résister à vouloir serrer dans ses bras ce petit être. Lui aussi est un trésor caché.
CEREZO
A ce moment
précis, les bénévoles nous interpellent, en effet, VINCENT et sa famille
d’accueil sont venu à notre rencontre pour nous le présenter. Quel
bonheur de le savoir hors de danger, mais notre bonheur se fera plus
grand quand il sera adopté ! VINCENT est encore un bébé podenco maneto,
il attend impatiemment sa famille.
VINCENT
Nous profitions
de ce moment pour balader hors du refuge notre mascotte CHER ainsi que
la petite GENOVA, mon coup de cœur, invisible parmi les invisibles,
timide dans un premier temps mais elle finit par gagner ma confiance. Il
faut dire que je lui ai donné bon nombre de friandises. GENOVA n’a
jamais été éduquée pour marcher en laisse. Nous étions seuls, tous les
deux, pendant une bonne demie heure et à chacun de mes passages dans la
journée, elle cherchait ma présence.
CHER
GENOVA
Ce merveilleux
moment a été malheureusement contrasté par l’arrivée d’une voiture et de
deux hommes ramenant un petit chien noir au refuge. A ce moment nous
étions à l’extérieur des enceintes. En descendant de son automobile,
l’un d’entre eux a jeté le petit chien au sol tel un objet sans
importance. Nous étions ahuris de ce comportement insensé. Le petit
chien s’est enfuit à ce moment-là, j’ai voulu le poursuivre mais Karen
m’a interpellé signalant que c’était à lui d’aller à sa rencontre. Le
petit chien est alors directement revenu vers lui, pourtant la personne
prétendait l’avoir trouvé dans la rue. Karen m’a dit qu’il était courant
que la plupart des personnes qui apportaient les chiens au refuge
n’étaient pas les maîtres. Après cet interlude amer, nous poursuivions
notre visite dans le harem des galgos. Depuis notre dernière visite en
janvier 2013, l’intégralité des galgos ont été adoptés. Cependant,
depuis plusieurs mois nous diffusons les deux galgas noires CRETA et
KAREN, elles aussi réclament une famille. Ces deux perles noires sont
dotées d’une gentillesse extrême, elles recherchent sans faille le
contact humain.
CRETA
RODAS éperdument
amoureux de Perrine la convoita sans cesse, ce beau galgo noir et blanc
est à la fois attachant et sensible à l’approche des humains, comment ne
pas résister...
RODAS
Quant à BRUSELAS,
une splendide galga de couleur beige nous évitait. Son passé devait être
assez lourd, une large cicatrice à hauteur de son poitrail dévoile
l’épaisseur de ses souffrances antérieurs. Les séquelles s’effaceront
peu à peu avec une adoption attentionnée.
BRUSELAS
SICILLIA qui
nous observait timidement n’imaginait pas encore qu’elle ferait partie
du voyage qui la mènerait sous des auspices plus flamboyants.Dans la parcelle attenante à celle des galgos, se trouvaient une douzaine de box ou siégeaient d’autres podencos. Une fois franchit le seuil, HIDRA, gardienne du temple nous a accueilli avec beaucoup d’engouement. Cette superbe croisée galga nous a donné une leçon de vie tant nous n’avions pas cette impression qu’elle résidait dans un refuge. Bien dans sa tête, des yeux qui pétillent respirant la joie de vivre, elle cherchait à communiquer par le jeu et la malice. Une véritable adolescente active qui charmera très certainement un foyer à la mesure de ce qu’elle est.
HIDRA (collier rouge)
CARRION,
croisé podenco, c’est la mission la plus délicate pour nous que de le
diffuser, en effet pour sa sécurité et celle des bénévoles, nous ne
pouvons divulguer les raisons. Il doit absolument quitter sa terre
natale au plus vite ! Nous pouvons juste dire qu’il a été bien malmené
avant son entrée au refuge. Il reste néanmoins un superbe podenco très
attachant malgré la mâchoire arrachée, il ne porte plus de dents et sa
queue a été coupée. Il n’a pas l’air traumatisé au premier abord.
CARRION a la peau dure et l’échine souple. Un bel exemple de pudeur et
d’humilité.
CARRION
Une urgence en
cache une autre, LENSTICO, podenco de petite taille, il y a encore
quelques semaines, ce petit avait un poids normal, ses bénévoles très
inquiètent à son sujet l’on vu dépérir sur peu de temps, néanmoins il se
nourrit normalement. Le stress du refuge est la cause de son
amaigrissement. Nous pouvons mesurer toute la détresse et l’angoisse de
ce pauvre petit. Il faut agir au plus vite afin qu’il puisse retrouver
sa splendeur originelle.
LENSTICO
Il partagea sa
cellule avec SALVIA, petite croisée podenca qui allait bientôt retrouver
sa petite sœur SISSI ex CAMPANILLA adoptée en septembre 2013, le hasard
n’existe pas. En fin de parcours dans cette parcelle, les galgas
SAVANNHA et TERRANOVA, en guise de clin d’œil nous ont rendu visite,
elles avaient bien pressenti ce long voyage de 1800 km qui allait les
diriger vers leur famille respective.Après ces longs moments chargés en émotion truffés de joie mais aussi de mélancolie, nous profitions de remettre les dons en compagnie des bénévoles. Médicaments, nourriture et donations divers ont été généreusement offerts. Un large sourire lorsque nous apercevions en véritable électron libre la petite SABINA dans les couloirs des bureaux, quelques jours de suris avant sa libération, cinq jours après, elle rejoignait sa famille.
La journée n’étant pas terminée, il y avait encore la partie dite du « bronx » à visiter. Cette étendue est égale à la moitié du refuge, encore en construction, faute d’argent et de moyens, elle se construit progressivement, le sol rouge d’Espagne y est symbolique. La plupart de ces chien sont de grande taille, nous y trouvons à la fois beaucoup de mastins, labradors, bergers allemands… Cet espace plus grand est à la mesure de leur besoin vitale. Je profitais de ce fait de courir un peu avec eux.
Le cas de PATITAS est préoccupant, il y a trois ans, quasiment jour pour jour, nous avions vu PATITAS encore chiot, il a actuellement 3 ans et a passé l’intégralité de sa vie au refuge. La tristesse et la déception nous animent véritablement. Imaginez un bel objet de décoration que l’on plante au centre de sa salle de séjour et que l’on débarrasse quelques mois plus tard pour des motifs obsolètes dans un coin du grenier… Malheureusement PATITAS représente cette amère métaphore à mes yeux. Pourtant c’est un noble podenco à poils longs, il témoigne d’une grande affection et comme le démontre la photo, il est agrippé au grillage et l’on pressent qu’il a l’envie de s’échapper du milieu carcéral dans lequel il baigne. Ce qui est encore plus touchant, ce sont ses opérations de séduction à notre égard, en quête d’un réel amour, il attend toujours son maître. Pour ma part, je passerai un véritable coup de gueule, les podencos à son image ne sont jamais convoités, c’est fort dommageable !
PATITAS
PATITAS
Vous connaissez
les yeux de Michèle Morgan, vous ne connaissez pas ceux de SIVERA. Un
regard époustouflant qui vous traverse et pourtant, cette podenca est
Invisible aux yeux de tout le monde. Nous espérons qu’un jour, un regard
se portera sur elle. Elle possède d’autres atouts, la gentillesse, la
sociabilité et la douceur. Elle respire la joie de vivre. SIVERA fera
très certainement le bonheur d’une famille, nous en sommes convaincus.
SIVERA
De la Terre des
Lévriers à la Terre des Mastins, il n’y a qu’un pas (ou qu’une patte).
Pour eux aussi la terre d’asile est primordiale. Les mastins espagnols
malgré leur carrure impressionnante sont dotés d’une véritable docilité
et d’une sociabilité hors du commun. Dans nos refuges, il est courant de
retrouver les mastins et les lévriers partager les même jeux, les mêmes
assiettes, les mêmes affinités. Voici notamment PANCHO, un bon bonhomme
au regard chaleureux et hébété qui en ferait craquer plus d’un. C’est
un jeune senior de 6/7 ans qui régnerait en seigneur sur un domaine.
PANCHO
A quelques mètres
du Seigneur PANCHO, se tenait toute tranquille et sereine une jeune
demoiselle mastine de 3 ans au nom d’EVA. Vêtue d’une belle robe de
couleur tigrée, elle ménageait sa parure avec coquetterie. Elle aussi
trouvera aisément une terre d’asile.
EVA
Nous avions été aussi
sensibilisés par deux nouvelles mastines très belles, PRINESA et
MELANCOLIA, toutes deux très douces, malheureusement nous avons peu de
détails sur elles concernant leur âge et leur passé, mais prochainement
nous aurons des informations un peu plus exhaustives.Il était presque 18h, la nuit tombait et nous quittâmes le refuge avec à la fois de l’amertume mais aussi de l’espoir. Notre dernier regard se portait sur CHER…
CHER
La porte se
refermait, l’angoisse nous tordait l’estomac, leurs yeux profonds en
disaient long sur leur enracinement en terre rouge. Notre véhicule
démarrait et l’émotion se faisait encore plus forte lorsque les
aboiements accompagnaient le ronronnement du moteur. Nous avions ce
sentiment partagé et paradoxale de rester au refuge et d’aller rejoindre
Karen pour passer une bonne soirée.Jeudi 16 janvier
Nous nous levâmes de bonne heure et partîmes visiter notre troisième refuge avec lequel nous avons aussi des relations très étroites depuis quelques années. Nous avions rendez-vous avec Maria Louisa, la Présidente du refuge à son domicile. Cette femme fournit un travail époustouflant sur le bien être des pensionnaires. C’est avec beaucoup d’humilité, d’intelligence qu’elle a pu rendre harmonieuse la vie courante de chaque chien. Son expérience est fondé à la fois sur un modèle professionnel mais aussi sur un modèle empirique, elle est en effet vétérinaire de son métier et maitrise chaque cas lorsqu’il y a un problème et a su résoudre les tensions entre les chiens pour éviter un maximum de bagarres. C’est un excellent refuge qui s’accompagne de très bons bénévoles mais peu nombreux, les chiens s’y sentent apaisés mais le principal ennemi est le moustique. Ce phlébotome transmet la leishmaniose, l’un des plus grands fléaux qui sévie en Espagne. Il faut dire qu’il est construit près des marais ou les moustiques sont omniprésents. A cet égard le combat continu et nous vous remercions de votre participation et de votre générosité pour l’opération « Stop Leishmaniose » que nous avions mis en place, cette action se poursuit. Terre des Lévriers évite d’être fataliste et cherche des solutions pour diminuer le taux de leishmaniose, nous avions proposé à Maria Louisa d’effectuer une étude sur un traitement des marais pour réduire le nombre de moustiques et par conséquent de diminuer les cas de leishmaniose, mais pour cela l’étude doit être approfondie et non approximative. C’est une mission délicate mais le pari est énorme.
Nous arrivions au refuge et chacun d’entre nous avait sa mission à accomplir. Nous investissions les lieux et nous fîmes connaissance avec Alfonso le seul employé. C’est une personne très contentieuse et observatrice et connait sur le bout des doigts les besoins et les attentes de chaque chien. Il s’assure à ce que ceux-ci soient bien nourris et grâce à sa bienveillance, les tensions restent minimes. En effet, tous les pensionnaires sortent de leur box une heure et demie par jour pour se défouler et reviennent facilement dans leur box respectifs à son appel. La structure du refuge contribue aussi à un certain apaisement, il est constitué de deux longues et larges allées formant une boucle. L’espace vital est parfait pour le bien être de l’animal. Néanmoins, Maria Louisa nous a expliqué que les enceintes ont subi une inondation l’an dernier mais ils ont su faire face à cette catastrophe.
A peine entrés dans les lieux, se tenaient devant nous KAMI et SULTAN, ils n’avaient pas bougé de place depuis l’année dernière. Que le temps doit leur paraitre long. Des milliers d’heures qui s’étendent au fil des années, ils ont vu ainsi défiler et partir avant eux des compagnons mieux lotis et qui sont aujourd’hui heureux dans leur famille. Ne mériteraient-il pas cette même bénédiction ? Pourtant ils sont tous deux très attachant et s’adapteraient facilement à une autre vie.
KAMI, SULTAN et DUQUE
KAMI est une douce podenca de deux ans, arrivée chiot au refuge, elle a toute sa vie devant elle et n’aspire qu’à être adoptée.
KAMI
SULTAN, cinq ans et
demi est un podenquito parfait, malgré sa beauté et sa gentillesse, il
reste effacé dans nos diffusions. Est-ce la leishmaniose qui occasionne
tant d’indifférence ? Nous vous rappellons que les chiens peuvent vivres
de longues années et jusqu’à terme d’une vieillesse bien amorcée.
SULTAN
KING et QUEEN, figurent emblématiques du refuge, nous souhaiterionsqu’ils ne le soient plus, voici plus de deux ans qu’ils sont installés dans le même box. Ils sont frère et sœur et sont arrivés chiots au refuge. N’attendez pas que la résignation l’emporte sur leur vitalité, ces magnifiques croisés galgos peuvent être adoptés séparément.
KING & QUEEN
Nous
poursuivions notre pèlerinage et nous nous arrêtâmes au chevet de BLANCA
qui vivait dans une réhala, un endroit terrible où les chasseurs appelé
rehaleros entassent leurs podencos comme de simples outils de travail.
Ces malheureux ne voient la lumière du jour que pendant les saisons de
chasse. Ces meutes de Podencos sont souvent très nombreuses et vivent
dans des conditions épouvantables et pour éviter qu'ils s’entre tuent,
ils sont attachés individuellement à des chaines très courtes. Le
parcours de BLANCA s’est effectué en trois étapes, son enfer dans la
réhala, son purgatoire au refuge et son paradis bientôt lors d’un
prochain sauvetage.
BLANCA
Dans le box
suivant, HELIO podenquito que nous diffusons depuis pas mal de temps
nous interpella par ses conjonctivites régulières, ce petit bonhomme est
pourtant plein d’entrain, il attend impatiemment une place au soleil.
HELIO
Vint ensuite MAX,
un élégant galgo bringé de 4 ans, il est étincelant, préservant une âme
d’enfant, il saura vous convaincre par sa beauté et son attachement. Son
seul défaut est l’hostilité à l’égard des chats. II rayonnera sans
aucun doute dans une bonne famille.
MAX
Dans l’extrémité du
refuge, se trouve l’univers des mastins ou y séjournent certains dont
nous attendons encore des informations. Dans le registre des mastins,
MALCOLM un bon gaillard de couleur crème est arrivé au refuge avec une
patte cassée. Inopérable, celui-ci vit très bien avec son handicap. Son
déhanchement patibulaire n’enraye pas sa joie de vivre. II s’accorde
parfaitement avec les petits gabarits mais apprécie moins les grands
chiens mâles.
MALCOLM
Il partage sa
cellule avec CANDY jeune et jolie podenca de quatre ans qui
malheureusement fait partie de notre contingent d’Invisibles tout comme
RABINO, cet adorable croisé podenco maneto, qui malgré son allure
désenchanté, égaye ses compagnons de box et s’avère être un podenco
facile à vivre et aimant bien la bonne chair.
CANDY
RABINO
Dans la foulée,
vint ensuite le David Bowie des podencos, avec ses yeux verrons
fabuleux, BICO vous transperce corps et âme malgré son âge avancé, il a
encore des allures de jeune homme. Il a aussi d’autres cordes à son arc,
un caractère qui s’adapte facilement, de nature très sociable et
tranquille, il cherche un bon panier pour sa retraite.
BICO
Notre petit JOHNNY apparu également, il ne savait pas encore qu’un petit coin de bonheur l’attendait quelque part en France…C’est à ce moment-là que Maria Louisa nous amena VIGO, ce sublime galgo à l’aspect extérieur plus que parfait révèle un intérieur complètement dévoré par sa maladie. La leishmaniose déjà trop avancée a attaqué ses organes vitaux, nous avions conscience à cet instant que VIGO était condamné et la machine avant ne fera plus marche arrière, son cas est irréversible… Nous nous engageâmes auprès de Maria Louisa ne pas le laisser tomber et allions trouver une solution afin qu’il puisse s’endormir dignement dans la chaleur d’un foyer et non sur le ciment humide de son box. Notre appel à l’aide pour VIGO a été entendu et il regagnera très bientôt sa famille de cœur. VIGO restera en famille d’accueil définitivement, il aura besoin de parrains et marraines pour le soutenir jusqu’à ce qu’il s’éteigne. Grace à cet accueil, son espérance de vie risque d’augmenter, l’impact positif sur sa psychologie peut l’aider.
VIGO
Nous poursuivîmes la
visite. Le cas de DUKAN est édifiant. Nous étions persuadés qu’il était
adopté via une autre association mais celle-ci n’a pas aboutie. Il
paraissait désespéré, nous l’avons vu figé au même endroit que l’année
dernière avec la même posture, le même regard interrogatif et les mêmes
songes. Nous avions eu ce sentiment douloureux que la pendule s’est
arrêtée. Nous croisons les doigts pour ne pas le revoir dans la même
position.
DUCAN
La visite
s’achevant, nous regagnâmes l’entrée ou d’autres mastins en liberté
nous saluaient au fil de nos passages. Le dernier à nous dire au revoir
est DUQUE, un mastin mâle de 2 ans, mascotte du refuge, ses bénévoles le
surnomme « Chien Alfa », une figure altruiste et philanthropique, il
est le garant de tous les chiens du refuge et comme tous ses amis
d’infortune, il est prêt lui aussi à démissionner de son rôle
emblématique pour rejoindre sa famille. Sa maladie ne doit pas être un
frein pour son adoption. Il a tous les atouts pour lui.
DUQUE
Notre tournée
s’achève, nous remettons les nombreux dons collectés suite à l’opération
« Stop Leishmaniose », ainsi que du matériel médical. Ce refuge possède
une clinique vétérinaire sur place, un privilège rarissime en Espagne.NIEVES, l’une des bénévoles principales du refuge nous emmena ensuite vers sa pension canine. Nous y retrouvâmes le beau galgo DAREK opéré tout récemment d’une patte cassée, partageant son box avec la jolie podenca WENDY mais aussi la merveilleuse galga SIENNA. Tous trois souhaitent trouver à leur tour un foyer.
DAREK et WEEDY
SIENNA
Sans plus tarder,
nous regagnâmes une des personnes les plus imminentes de la protection
des lévriers. Ce soir-là nous dormions chez Domi. Depuis fort longtemps
nous sommes en relation quotidienne avec Domi. Cette femme est
indispensable dans l’inter action entre les refuges et les associations.
Son rôle étant de fournir d’une manière précise les informations
nécessaires à nos démarches, concernant les diffusions, les adoptions,
les sauvetages, la logistique et la mise en place des relais avec les
refuges avec lesquels nous collaborons. Elle n’hésite pas non plus à
récupérer des lévriers errants, à être en contact avec les galgueros et
de trouver des solutions pour les placer en lieu sûr en pension. Elle
effectue un travail en aval mais aussi en amont. Domi est également
bénévole de l’association : J.AP.A., qui a pour but de venir en aide aux
animaux.Dès notre arrivée à Cuidad Real, Domi nous accueilli en compagnie de l’adorable petit podenquito SWEETY, il était en famille d’accueil chez elle jusqu’au weekend suivant car lui aussi faisait partie du convoi qui l’amènerait dans sa famille définitive. Une année s’était écoulée, nous avions cette impression indicible que nous ne nous étions pas quittés. Après avoir déposé nos effets personnels, et avoir salué BOBY le galgo de Domi ainsi que COTON, le fox terrier habitué à nos visites régulières, la journée n’était pas encore terminée, nous avions rendez-vous chez le vétérinaire pour les derniers préparatifs avant le départ de SWEETY.
BOBY et SWEETY
Dès notre
arrivée à la clinique, Domi nous présenta la galga MUKA qui maigrissait à
vue d’œil. Sous son manteau, un petit corps tout squelettique nous
montrait à quel point elle a manqué de nourriture. Celle-ci sera placée
en pension, nous lui offrîmes deux sacs de croquettes pour qu’elle
puisse se remplumer avant de rejoindre sa famille, MUKA était déjà
réservée. Mais ses carences étaient telles que nous avions appris très
récemment que la petite n’a pas survécu. Une pensée très forte pour MUKA
qui si près du bonheur s’est éteinte.
MUCA
Nous attendions
notre tour et vîmes entrer un individu rustre, trapu, tenant une canne,
piétinant d’impatience tout en boitant. Sans gêne, il passait devant
tout le monde et frappa à chaque porte des cabinets pour qu’on lui
réponde à son impatience. Tout en faisant des allez-retours, il claquait
sa laisse entre ses mains. Nous nous interrogeons sur l’identité du
personnage, était-ce un galguero ? Notre sentiment ne nous trompa pas
lorsque nous vîmes sortir d’un des bureaux, une perle noire, la petite
galga barbuda qu’il venait chercher, elle n’était qu’autre que MULATA
que nous diffusions à l’adoption. Nous réalisâmes que les bénévoles ont
effectué un travail remarquable en ayant discuté avec ce galguero afin
qu’il s’engage de s’occuper d’elle pour ses vaccins, soins,
stérilisation… Jusqu’à son adoption. Nous avions appris quelques temps
avant notre départ que MULATA était elle aussi réservée pour une
adoption. Cette expérience vécue nous a fait prendre encore plus
conscience que la diplomatie et le flegmatisme des bénévoles sont
indispensables malgré l’attitude condescendante et déplacée de certains
galgueros. Après cet intermède, ce fut donc le tour de SWEETY. Lors de
sa visite, nous étions restés dans la salle d’attente. De nombreux
tracts se trouvaient sur la table, nous fumes agréablement surpris de
voir que certains d’entre eux concernait la leishmaniose, cette
sensibilisation indispensable démontre que cette maladie est une
véritable calamité dans les pays du sud. SWETTY réapparu, il était prêt à
voyager avec nous ! Au retour, nous fîmes une halte rapide chez Maria
Josè, la première famille d’accueil de SWETTY, qui tenait tant à revoir
une dernière fois son petit protégé.
MARIA JOSE et SWEETY
De
retour chez Domi, nous passâmes une formidable soirée en compagnie de
son mari Nacho, et de leurs amies Carmen et Selene. Selene intègre une
petite association qui sort des chiens de perrera pour les mettre en
famille d’accueil. Nous apprenions notamment que la petite podenca SARAH
que nous diffusons a été sauvée grâce à elle ! SARAH est donc
actuellement en lieu sûr mais elle aussi aimerait trouver sa famille
définitive.
SARAH
Tout en discutant,
Selene nous apprend que la tendance actuelle est de manipuler
génétiquement des podenquitos avec des chihuahuas, ce croisement est
appelé « podenquillos ». Ces expériences malheureusement n’ont pas du
tout des allures altruistes mais servent à la chasse dans les terriers.
Malheureusement, on peut s’attend à récupérer ces nouveaux lévriers
venus en vue d’adoption.Vendredi 17 janvier
Nous avions quartier libre ce vendredi matin, nous en profitâmes pour prolonger notre sommeil car le lendemain matin, très tôt, notre voyage vers la terre promise nous attendait. Sur le petit écran, les journaux télévisés diffusaient l’actualité. En dehors des affres de la vie privée de François Hollande que nous apprîmes sur place, ce 17 janvier était un jour saint pour tous les animaux, c’était la fête de San Antonio, patron des agriculteurs, vétérinaires et protecteur de ces derniers.
Etrange paradoxe puisque quelques heures plus tard, nous allions visiter notre dernier refuge. Domi, lors de nos discutions la veille s’était épanchée avec angoisse et colère sur le sort de ce dernier. Nous étions tous désemparés, en effet, Terre des Lévriers travaille avec eux depuis un certain nombre d’année. A chacune de nos visites, la seule personne avec laquelle nous communiquons se prénomme Carmen, une jeune bénévole qui n’hésite pas à parcourir avec son véhicule 200 km chaque weekend pour rejoindre le refuge. Nous en profitons à ce titre pour lui rendre hommage et est, à nos yeux, l’archétype de la bénévole qui dépense son énergie sans compter et exerce avec une vocation certaine les besognes et les taches les plus ingrates du refuge. Domi nous a réellement transmit ses craintes.
Malgré les subventions que ce refuge bénéficie auprès de sa mairie, la situation devient plus que critique, nous apprenons que de nombreux chiens ont été euthanasiés à Noël à l’abri des regards et de l’indifférence. Il est important de signaler que le sort de ce refuge ne dépend que d’une seule personne, sa Présidente qui officie depuis plusieurs années. Nous ne la connaissons pas, et n’a jamais eu ne serait-ce qu’une seule once de gratitude à notre égard. Pourtant chaque année, nous ramenons sous notre escarcelle des dons et médicaments et avions sauvé 29 lévriers depuis notre création.
Cette politique amèrement menée est aux antipodes des autres refuges avec lesquels nous travaillons. « Terre des Lévriers » n’a pas pour habitude d’instrumentaliser les réseaux sociaux, ni d’avoir un discours alarmiste, et de jouer les démagogues de bas étage, mais sur ce point sensible, se taire c’est cautionner les actes insensés de sa Présidente. Ce refuge à l’heure actuelle présente bel et bien les prémices et les stigmates d’une perrera. Malgré les accès internet ce refuge n’a jamais pris l’initiative d’effectuer un blog, ou ne serait-ce qu’une page présentant la liste de ces chiens en vue d’une adoption. Depuis quelque temps, le refus de ne plus travailler avec les associations étrangères figure comme l’une de leurs priorités. Pourtant celle-ci sont des atouts majeurs pour des adoptions potentielles et réelles. Le prétexte étant encore une fois l’argent.
Aucuns travaux de rénovation n’ont jamais été réalisés malgré le potentiel de ses enceintes. Mais la tragédie la plus absolue concerne des chiens qui étaient prévu pour des adoptions et qui ont été exécutés sans sommation il y a quelques semaines. Rendons hommage à la mastine MARIAN, au bébé mastin ANUKA et à la petite chienne qui devait rejoindre sa famille. Carmen tente à mainte reprise d’inverser la balance et espère que la situation changera.
Avant de pénétrer dans le refuge, nous avions pris connaissance de tous ces éléments, nos trois cœurs battaient irrégulièrement à l’unisson lorsque la porte s’ouvrit. Nous plantons le décor, ni eau, ni électricité n’y sont présents, une enfilade de box vétustes s’étend sur une trentaine de mètres et présente les caractéristiques d’un univers carcéral certain.
A travers les barreaux, les chiens ont des regards de détresse, leurs aboiements sont éraillés par l’âpreté des lieux, la tension extrême est palpable, les blessures émanent de l’intérieur. Mais ce qui est édifiant est le nombre de chien qui manquent à l’appel. En effet lors de nos visites précédentes, se tenait dans chaque box une dizaine de chiens, le nombre a été divisé par deux. Que sont-ils devenus ? Pour ceux qui restent, l’urgence est imminente.
A proximité de l’entrée, se trouvait une podenca de 3/4 ans sans identité, nous la surnommions ISEULT. L’intensité de sa détresse se fit ressentir. A travers ses barreaux, ses pas se mesuraient aux nôtres. Nous pressentons cette envie dévorante d’être libérée. Ses yeux profonds nous ont enflammés.
ISEULT
En face de son
box, se tenaient MIEL et CONSTANTE. MIEL, une croisée podenca/mastine au
regard aussi doux et onctueux que le miel. Elle voyagera lors de notre
prochain sauvetage.
MIEL
A ses côtés,
CONSTANTE que nous avions baptisée sur le champ, est une superbe croisée
podenca de 5/6 ans, elle est parquée dans ce refuge depuis de
nombreuses années. Elle fait à la fois partie de nos urgences et de nos
invisibles. Malgré sa beauté, cette podenca de grande taille n’a jamais
été remarquée. Sa timidité se fera moindre lorsqu’elle sera adoptée.
CONSTANTE
Quelque mètre
plus loin, se trouvait AFRA une podenca de 3/4 ans qui gardait son
calme. La résignation de cette petite est flagrante. Elle mérite très
certainement un meilleur sort.
AFRA
LUISA une podenquita
andalouse de 7 ans cherche le contact humain avec véhémence mais les
affres du refuge la rendent désespérée. Nous savons d’elle qu’elle
s’adapte très facilement aux chats.
LUISA
ILDA, avec une assurance certaine était démonstrative, celle belle podenca rejoindra sa famille lors d’un prochain sauvetage.
ILDA
JOSEPHINE, 2 ans,
l’unique mastine du refuge s’accorde avec tous les autres chiens. Elle a
cette caractéristique paradoxale d’être à la fois paisible et
mélancolique.
JOSEPHINE
Quant à BELA,
une podenca ibicenca racée, douce, tendre et non craintive est en voie
d’adoption et sera très certainement sauvé de son enfer.
BELA
ASTERIE que nous
avions également baptisé sur place, a été retrouvée seule, errante à
proximité d’une gare, son était révèle qu’elle a servi à la
reproduction. Actuellement, elle se retrouve en pension, en attendant sa
famille qui l’attend, ce sont nos amis de l’association G.A.L.G.O.S.
qui lui ont trouvé un foyer. Merci à eux !
ASTERIE
Comment ne pas
résister sur ce superbe podenco maneto nommé PEPITO ! Très sociable,
encore tout jeune, il nous convoitait sans cesse, réclamant des
caresses. Ce petit chiot candide mérite un tout autre sort.
PEPITO
Dès notre retour
d’Espagne, nous nous sommes focalisés sur le destin de ces malheureux,
le contexte angoissant et incertain de ce refuge nous ont obligés de
diffuser en extrême urgence leur situation. L’euthanasie mais aussi le
stress permanant qui engendre de la violence a fait perdre la vie à
DESIREE suite à une attaque de chiens, elle devait faire partie de ce
sauvetage, nous avions été également témoin d’une agression à l’égard
d’un des chiens, il a été mis en sécurité.
DESIREE
Soulignons ainsi
que ces résidents ne quittent jamais de leur box, il ne faut donc pas
s’étonner que les conséquences soient néfastes. Concernant le sort de
MIA, présente dans ce refuge, nous avions pris l’initiative et plus
particulièrement Perrine, d’extirper cette galga de cette abîme. En
effet quelques semaines auparavant, elle était en règle et était prête à
voyager mais l’association qui devait la prendre en charge s’est
désistée. Elle a eu cette veine de n’avoir pas était euthanasiée. En un
coup de fil, son destin s’est renversé, notre sauvetage était comble,
mais nous avions su composer tant bien que mal la disposition des
lévriers dans le véhicule. Une fois délivrée de son box, elle a compris
que son destin n’était pas lié à celui du refuge et s’est empressée de
monter dans notre camion.Les dons étaient distribués...
Nous quittâmes ce refuge avec exaspération et apprîmes qu’un dirigeant d’une perrera, sans être habilité, enfile sa panoplie de vétérinaire fantoche pour euthanasier les chiens et amasse les subventions que la mairie lui consacre. Corruptions, crimes et châtiments s’entremêlent. En s’éloignant des lieux nous avions tous les trois cette même appréhension… L’analogie et les similitudes du refuge voisin sont flagrants… Ce refuge se situe à quelques kilomètres… Stoppons cette hémorragie avant qu’elle ne dérive…
Le soir même, nous rejoignîmes un petit groupe de bénévoles qui tenaient un stand à l’occasion de la fête de San Antonio. Ce fut une soirée bien animée en ville avec un petit marché.
Ce petit cénacle formé de gens extraordinaires dont font parties Selene et Carmen sauvent des chiens de perrera et les placent dans un tout nouveau bâtiment en location. Actuellement, se trouvent 14 chiens composé de galgos et de podencos. La capacité de ce local avec terrain peut accueillir un nombre maximum de 20 chiens. Pour cette récente installation, les bénévoles ne disposent de rien, tout don matériel est important : paniers, niches, médicaments, alimentation… Nous leur avons promis que nous allions leur offrir les besoins nécessaire lors de notre prochain sauvetage, les bénévoles étaient ravies. Nous entrâmes ensuite dans la petite église toute proche ou de nombreuses personnes venaient baptiser leurs animaux.
Nous avions été émus par un couple venant photographier leur petit yorkshire près de la statue de San Antonio.
Il se faisait tard, nous remerciâmes l’intégralité des bénévoles pour leur courage, leurs actions et leur engagement pour la protection animale et regarnîmes notre véhicule.
Nous passâmes cette dernière soirée en compagnie de Karen, Miguel, Eugenia et Patricia, une soirée festive avec l’odeur de vin exquis mais aussi l’amertume de ne pas prolonger ses instants conviviaux. Le lendemain, nous reprenions la route du retour.
TERRE DES LEVRIERS dédie ce sauvetage à DESIREE
Samedi 18 janvier
Le jour de la délivrance arriva enfin, nous nous levâmes vers 5 heures du matin et avions donné rendez-vous vers 6 heures à l’un des refuges que nous avions visité. La ponctualité était au rendez-vous, Eugenia, Miguel, la famille d’accueil de RITA, les bénévoles des autres refuges avec leur petits protégés. Nous ne nous attardâmes pas une seconde et commencions à monter les cages dans le véhicule, petit à petit chacun trouvait sa place, la logistique a été étudiée par rapport aux points d’adoptions et des descentes des lévriers. Sous l’éclairage des torches, nous vîmes un défilé de lévriers montant l’un après l’autre vers le camion de la liberté, sous les yeux de leurs compagnons de cachots : SAVANNAH, TERRANOVA, SICILIA, SABINA, SALVIA, NIEVE, RITA, SWEETY, JOHNNY et MIA.
C’est avec le cœur bien serré que nous remerciâmes une fois de plus les bénévoles, l’émotion nous envahie avec ce sentiment partagé que certains étaient sauvés mais bien d’autres restaient sur place.
Il adviendra qu’un jour, ces chiens rejoindront une terre moins compromise, la « Terre des Lévrier ».
Après nous être rassuré que notre petit monde était bien installé, les portes se refermèrent, notre véhicule démarra dans la fraicheur matinale de la Mancha sous le regard assombri de PATITAS souhaitant lui aussi faire partie de ce convoi. Notre mission au service des lévriers n’était pas tout à fait terminée, nous avions donné rendez-vous à Valencia pour récupérer nos autres petits adoptés. Le camion roule, le jour commence à se lever, nous nous arrêtâmes régulièrement pour contrôler si tout se passait bien à l’arrière. Il est proche de midi et nous attendîmes un bon moment avant que le convoi vienne nous rejoindre. Les voilà enfin ! JULIA, SEBASTIAN, NOELIA, JANET, THOMAS, ITA et enfin ELIZABETH regagnèrent leur place.
Sans
s’attarder nous reprîmes la route. Les heures passent, les paysages
changent et la frontière approche, nous avions un peu d’avance sur nos
horaires. En début de soirée, nous arrivâmes à notre premier point de
rendez-vous, près de Perpignan, Antoine, l’adoptant de RITA nous
attendait déjà. RITA est encore toute timide et a rejoint facilement le
véhicule d’Antoine. Avec beaucoup de patience, cette petite reprendra
confiance et oubliera peu à peu les séquelles de sa vie antérieure.
Nous
reprîmes la route vers Narbonne, après quelques péripéties, nous
retrouvâmes Edwige, sa petite ELIZABETH avait voyagé avec nous dans la
cabine du camion. ELIZABETH, rebaptisée ADELE est encore un bébé très
réservé, elle s’emmitouflait dans nos bras pendant son voyage. Elle a
toute sa vie devant elle et connaitra ce que le mot « bonheur »
signifie. ADELE, nous te souhaitons une longue route auprès d’Edwige.
La
soirée bien entamée, nous arrivâmes en pleine nuit aux environs de
Brive La Gaillarde ou nous attendait Jérémie le compagnon de
Perrine. Martine ne tarda pas à arriver. Elle serra dans ses bras sa
petite ITA. Un grand merci à Martine pour tout le bonheur que vous
offrirez à ITA !
Sans
trop tarder nous quittâmes Perrine et Jeremy et continuâmes notre
expédition. 300 km avant notre prochain rendez-vous. Edith, Bruno et
leur fille ne comptaient pas les heures d’attente avant de rencontrer
leur belle mastine NIEVE, elle fit la connaissance de sa nouvelle
famille et monta sans soucis dans le véhicule qui l’amenait vers sa
destinée. Nous confiâmes notre petit JOHNNY à Edith et Bruno, sa maman
l’attendait dès le lendemain, merci à Nathalie de lui avoir donné sa
chance !
Très
tôt le matin, nous arrivâmes sur Paris, nous étions très attendus. Ce
fut un bonheur immense de revoir notre Annette au grand cœur et sa jolie
petite Océane ! Les larmes coulent sur l’asphalte parisien. THOMAS est
en harmonie parfaite avec sa famille providentielle, il rejoindra dans
quelques heures NIKITA et BARTO tous deux adoptés lors d’un précédent
sauvetage !
Angelique
arriva aussitôt pour sa petite NOELIA, notre cœur se serra… DESIREE
devait être là aussi… NOELIA vous apportera la joie et vous fera
estomper votre douleur pour votre petite DESIREE… Nous vous souhaitons
un immense bonheur !
Puis
ce fut le tour de notre petit SWEETY, ce petit bonhomme enchantera
toute la famille de Muriel, encore jeune et naïf, il a tant de choses à
découvrir ! Merci à vous Muriel et votre famille de l'avoir sauvé
d'Espagne, SWEETY été en danger.
La
petite JANET qui chantait tel un rossignol à chaque ouverture de porte
rejoignait avec impatience sa nouvelle maman, cette petite bénéficie de
beaucoup de chance d’avoir croisé le chemin de Véronica.
Enfin,
notre petite SALVIA, rebaptisée TOSCA, ne savait pas encore qu’elle
allait retrouver bientôt sa petite sœur SISSI (ex CAMPANILLA) adoptée en
septembre 2013. Les petites sœurs seront à nouveau réunies, une pensée
pour les frère et sœur petit TOMILLO et LAUREL qui attendent avec
impatience. Merci à Véronique et à Thierry de les avoir à nouveau
réunit.
Le
jour se lève, notre voyage n’est pas encore achevé, notre prochain
arrêt se situant près de Perrone ou nous attendaient Maria et Daniel.
Notre beau SEBASTIAN fut enfin ravi de rencontrer sa nouvelle famille.
Longue route à toi noble SEBASTIAN !
Nous
sentîmes la fatigue nous gagner, nos derniers petits avaient hâte eux
aussi de regagner leur foyer. Proche de midi, nous arrivâmes enfin au
terminus, à Tourcoing, chez Evelyne et Norbert. Notre voyage s’achève
enfin, nous déposâmes les dernières cages dans le garage, une fois la
porte bien refermée, nous lâchâmes nos derniers lévriers si courageux
dans le jardin. Un parfum de liberté les envahit ! L’herbe verte et
fraîche tranchait radicalement avec la terre rouge et aride de leur pays
natal. Cette maison aux allures d’auberge espagnole possède en ses
lieux trois podencos et un whippet qui entrainent les nouveaux venues
aux jeux et aux joies du foyer !
Les
bonnes odeurs culinaires attirent SAVANNAH, elle assiège avec un
certain culot le plan de travail ou réside quelques victuailles
intéressantes.
Notre
petite Podenquita SABINA reste timide ainsi que la jolie SICILIA qui
observe avec un regard biaisé les attitudes de chacun. Tandis que
TERRANOVA et JULIA continuent à découvrir la maison en anthropologue
avertis.
Après
nous être restauré, les premières sonneries retentissent, Fanny
arrivée en pole position en compagnie de son petit podenco vînt à la
rencontre de SABINA. SABINA garde encore certaines craintes de son passé
qui s'effaceront avec le temps.
Puis
la famille de TERRANOVA, Gaétane découvrait avec véhémence sa douce
galga. Nous vous souhaitons pleins de moments magiques auprès de
TERRANOVA!
Agnès
et Serge arrivèrent à leur tour, notre petite SICILLIA, rebaptisée
CELIA vivra aux côtés de REYES, une jolie perle noire. Merci à vous,
REYES a désormais une nouvelle petite soeur.
La
flamboyante maman de JULIA arriva également, JULIA est arrivée
d’Espagne avec un cadeau de la famille d’accueil, celle-ci lui a remis à
la fois ses friandises préférées et de la nourriture, cette
bienveillance s’accompagnait aussi d’une lettre touchante destinée à
Yvonne sa nouvelle maman.
L’émotion est à son comble…
Seule SAVANNAH restait avec nous, pour des raisons personnels, Patrick
n’a pas pu venir ce dimanche, SAVANNAH nullement perturbée restera
quelques jours à la maison. Cette splendide galga partage actuellement
les joies et les frénésies de son adoptant…
Notre leitmotiv est un proverbe juif… Qui sauve une vie sauve l’humanité.
Ainsi s’achève les confidences en terre ibérique… Un sauvetage en cache
un autre… Dès demain nous prenons la route. GEMA, MASHA, BLANCA (galga),
BLANCA (podenca), ILDA, MIEL, IDAHO, PEPA et enfin notre VIGO
rejoindront à leur tour leur famille.
Le combat continu… Il s’effectue non sur les réseaux sociaux, mais bel et bien sur le terrain…
Johann, Christine et Perrine, bénévoles « Terre des Lévriers »